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Douloureux souvenir.

Hier, une nouvelle a ravivé un douloureux souvenir. Il y a un quinzaine d’années, j’ai eu l’occasion d’accompagner mon amoureux de l’époque dans le grand nord, où il travaillait comme enseignant dans le village le plus nordique du Québec: Ivujivik. Je faisais moi-même la suppléante volante, allant d’un village à un autre, selon les besoins de mon employeur, la commission scolaire Kativik.
C’était pour moi très stimulant et excitant comme expériences professionnelles, culturelles et sociales. Juste d’ouvrir la porte sur cette immensité blanche et l’aventure s’offrait à nous. Du point de vue artistique, j’ai aussi eu l’occasion de faire un stage avec un grand sculpteur et de participer à quelques ateliers où les anciennes apprenaient aux plus jeunes comment travailler les peaux de loups, de renards et d’ours.
J’étais fascinée par mes rencontres, curieuse de nature et aimant essayer et vivre de nouvelles expériences, c’était l’endroit idéal pour la jeune enseignante que j’étais. Côté personnel, je vivais pourtant une crise amoureuse et c’est le coeur gros, un brin découragée (pour par dire déprimée) qu’un beau matin de février, je me suis envolée seule pour un contrat de 6 semaines dans un des plus gros villages, Puvirnituk, où je ne connaissais personne.
Pendant le vol, nous avons fait un escale à Salluit, mais il y a eu des bourrasques de vent qui ont faites tournoyer l’avion (un bon 180 degrés) dans lequel j’étais installée, seule blanche parmi des inuit de plusieurs villages différents. Nous sommes repartis confiants, les pilotes de brousse étant de vrais pros du nord.
À l’autre village, il s’est passé quelques chose pendant l’atterrissage et nous sommes finalement repartis sans s’arrêter. Quelque chose était arrivé, un morceau de l’aile droite qui pivote habituellement s’était arraché. L’ambiance dans le Twin Otter a changé. De léger à festif, tout le monde est devenu sérieux et silencieux. Même les deux pilotes semblaient anxieux. Le moment était au recueillement, aux prières et aux incantations.
Nous n’avions pas vraiment de détails, mais c’était critique et c’est le corps plié sur les genoux que nous avons amorcé l’atterrissage. Je me rappelle qu’à ce moment, je me répétais sans cesse: « maman, je t’aime! Papa, je t’aime! Charles (mon petit frère), je t’aime! Je ne veux pas mourir, je veux vivre, je vous aime, je vous aime, je vous aime… »
Finalement, nous sommes arrivés sains et saufs, verts et secoués, partgeant tous ensemble le sentiment d’avoir vécu quelque chose de très particulier. D’avoir vu la mort de proche. D’être plein de reconnaissance pour cette précieuse vie qui nous habitait encore. Ce fut pour moi un moment difficile, mais il a aussi été très important dans mon cheminement. Malgré mes difficultés personnelles, j’avais un désir puissant de vivre, de passer par dessus et de croquer dans la vie.
Ça remet les idées en place que de passer proche de mourir. Quelques semaines plus tard, je partais pour une projet de coopération en Afrique de l’ouest. À mon retour, ma relation amoureuse était belle et bien terminée et une nouvelle vie m’attendait.
Hier, en apprenant l’accident, cette histoire oubliée m’est revenue. Un douloureux souvenir, mais aussi une leçon de vie capitale pour moi. Malheureusement, ce ne fut pas le cas de ces 12 personnes… Paix à leurs âmes.

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