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J’ai rencontré le M. Proulx, le ministre de l’Éducation, pour lui parler de… #confidence

Au printemps dernier, j’ai été contactée par la Caolition de parents d’enfants à besoins particuliers pour accompagner les portes-paroles Marie-Josée Aubin et Brigitte Dubé.


Le premier selfie du ministre de l’Éducation, M. Proulx, après une rencontre vraiment intéressante avec la Coalition des parents d’enfants à besoins particuliers alors que nous sommes allées présenter des pistes de solutions concrètes et réalistes pour faire une différence dans la scolarisation de TOUS les enfants du Québec.

Une demande spéciale de la Caolition de parents d’enfants à besoins particuliers 

Avec mes chapeaux de maman, d’enseignante, de spécialiste des troubles d’apprentissage, j’ai accepté avec beaucoup d’enthousiasme. Ce n’est pas quelque chose qui se présente souvent, comme rencontre dans une vie d’enseignante et j’ai été honorée d’accompagner ces deux femmes si inspirantes.

Un petit selfie avec M. Sébastion Proulx, notre ministre de l’éducation.

J’espérais avoir le temps de me préparer suffisamment avant et être à la hauteur pendant. Cela de demandé beaucoup de temps et d’investissement (comme un aller-retour à Québec), mais je crois vraiment qu’il est important que les besoins particuliers de nos enfants soient au coeur des préoccupations de nos instances politiques, peu importe les allégeances.

Je suis aussi convaincue qu’on peut faire plus que regarder la parade passer et se plaindre de notre sort, sans rien faire. En fait, la plupart des parents d’enfants différents n’ont même pas le temps et l’énergie de se plaindre, de dénoncer des situations inacceptables, etc. Ils sont simplement épuisés, dépassés, isolés et appauvris.

Ce que je n’ai pas dit encore publiquement

J’ai fait plusieurs statuts sur mes différentes tribunes avant, pendant et après. Vous pouvez aussi lire mon résumé sur les liens mis plus bas. Un mois plus tard, je suis maintenant prête à vous partager quelque chose de bien spécial qui est arrivé vers la fin de notre rencontre.

Nous étions présentes pour parler au nom de tous les parents, en ayant une vision globale parce que c’est la meilleure façon (du moins, je le crois fermement) de faire avancer les choses. En fait, si j’ai accepté ce mandat, c’est que justement, ce groupe est inclusif, il travaille fort pour tous les enfants et non un seul groupe atteint d’un problème x, y, z.

Un résumé avec quelques photos de notre rencontre
Après avoir remis notre document, échangé sur plusieurs points avec de nombreux exemples à l’appui, pour d’écrire au mieux la réalité des parents (et des familles) qui doivent compenser pour les services qui ne sont pas offerts comme cela devrait l’être, à l’école, dans les centres de réadaption, centres de services sociaux, etc., j’ai regardé mes collègues en leur demandant la permission de partager ma propre histoire pour illustrer nos propos.

Un témoignage qui dérange


Alors, j’ai demandé à M. Proulx s’il était bien le « big boss » des commissions scolaires du Québec en tant que ministre de l’Éducation. Il a confirmé en se demandant où je m’en allais. J’ai respiré un grand coup et je me suis lancée.
J’ai expliqué que j’étais un de ces parents qui a, deux fois plutôt qu’une, un enfant ayant des besoins particuliers. Que je travaillais très fort pour accompagner mes enfants de mon mieux tout en faisant de l’éducation sociale, écrivant sur le sujet, donnant des conférences, publiant des livres pour faire avancer le débat et briser l’isolement ainsi que les trop nombreux tabous reliés à la différence.
Que parfois, j’avais jusqu’à huit rendez-vous dans une semaine (qui sont toujours dans les heures de classe) alors qu’il n’y a que dix demi-journées dans une semaine. Que je faisais de mon mieux pour concilier famille-travail-handicaps-maladies-etc.

Et, j’ai osé

Et là, j’ai expliqué, avec émotion, que mon employeur était en train de me montrer la porte, parce qu’il me refusait la possibilité de travailler à temps partiel pour la prochaine année scolaire. Que pourtant, j’étais prête à prendre une portion de tâche, peu importe l’école, la clientèle, etc. Que j’avais tout un bagage qui pourrait être exploité par mon employeur pour le bien de nos élèves (après tout, je vais donner des conférences dans d’autres commissions scolaires, pourquoi ne pas en faire bénéficier la mienne?).

Je suis travaillante, professionnelle et je souhaite faire partie entière de la société en étant active, malgré les défis de la vie mis sur ma route. Malheureusement, je ne peux pas travailler à temps plein dans les heures de classe tout en accompagnant mes enfants dans les suivis, examens, thérapies, évaluations.

Est-ce que ça veut dire que je ne suis pas une bonne enseignante? Que je ne peux pas enseigner? Que je ne veux pas enseigner?

Non.

Et Actuellement, je n’ai pas de diagnostic qui m’empêche moi de travailler. Ce sont ceux de mes enfants qui compliquent mon horaire. Je suis déjà pénalisée parce que tout ça coûte très cher, comme des milliers de parents, lorsque je ne travaille pas, je n’ai pas de revenu, mais en plus, je dois payer des frais de stationnement, des honoraires pour des services (ergothérapie, orthophonie, psychologie, etc.) qui ne sont pas couverts (nous n’avons pas d’assurance) ou disponibles (vivent les listes d’attente!), des produits spécialisés qui coûtent souvent plus chers, du matériel adapté, etc.

Et après?

Quand j’ai terminé, on m’a demandé qui était mon employeur et je n’ai pas répondu. Je n’aime pas les conflits, je les fuis (en même temps, je suis en train de perdre mon job). De toute façon, j’imagine que c’est une information facile à trouver pour un membre du cabinet.

Immanquablement, j’ai pleuré.

Mais je n’étais pas la seule, mes propos ont aussi touché M. le ministre ainsi que son attachée politique, leurs yeux se sont mouillés. Nous avons finalement passé au bureau pour prendre des photos et c’était fini.

Maintenant?

Depuis, je suis toujours en attente, pas de nouvelle de mon employeur, je vois le mois d’août avancer sans savoir si je serai en classe à la rentrée. J’ai officiellement un poste, mais je sais que si je ne veux pas tomber malade – c’est pourtant la solution que tous semblent me proposer, même mon docteur m’a dit que ça ne serait pas un échec si cela arrivait, mais simplement pcqu’on m’imposait des conditions de travail irréalistes – je ne pourrais pas remplir mes fonctions à 100%.

Il y a quelques jours, j’ai offert mes services comme consultante au cabinet du ministre. J’ai aussi partagé une photo où je me moque un peu de ma situation (celle où l’on me voit avec des chiens plus bas) et, ô surprise, j’ai été contactée par deux personnes.

Je sais que je suis une enseignante dans l’âme, que l’éducation est au coeur de tous les grands changements, que je peux apporter beaucoup à un organisme, une commission scolaire, une fondation, etc.

Mais je ne sais pas encore où tout cela me mènera.

J’avoue que j’ai pleuré beaucoup de rage, de colère et de tristesse.

Que j’angoisse des fois, que c’est difficile pour mon conjoint de ne pas savoir ce qui m’attend, nous attend.

Que de partager une toute petite portion de ma situation comme je le fais aujourd’hui, ça pourrait me nuire, mais je ne suis plus capable d’attendre sans rien dire, sans rien faire.

Aller vers l’avant

Que j’ai besoin d’aller de l’avant et que je suis prête à passer à autre chose, à exploiter à un autre niveau mes talents de pédagogue, mon expérience de maman et d’enseignante.

Que je dois aussi contribuer financièrement aux besoins de ma famille. Que j’ai besoin de me réaliser, de vivre des succès, de savoir que je peux faire une différence dans la vie des enfants et de leurs familles, d’allumer des étoiles, de partager mes coups de coeur, mes trucs, mes connaissances et de continuer d’apprendre, de grandir.

Alors, j’attends*.

J’espère que ma communauté sera toujours là.

Et en attendant, je fonce dans la rentrée scolaire parce que j’adore cette période de l’année en allant de l’avant sur mes propres tribunes et je suis prête à vivre de nouvelles aventures.

Voilà, j’ai la chienne de peser sur le bouton publier, j’ai peur que cela me nuise, mais je ne suis plus capable de garder ça juste pour moi. D’être évasive quand on me parle de la rentrée scolaire.

Julie xxx

*Je ne fais pas qu’attendre, je propose des choses, je lance des idées, j’essaye de nouvelles choses comme des petites vidéos, etc. Comme je le disais, je ne suis pas juste assise sur mon divan à pleurer sur mon sort (ok, je le fais aussi des fois, c’est vrai).

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